Je croise beaucoup de chiens complètement inhibés ou à l’inverse très expansifs, il s’avère souvent que ces problèmes viennent d’un manque de confiance en soi du chien. J’entends déjà certains dire « un chien trop confiant est un chien mordeur », pourquoi le serait-il s’il entretient une relation de confiance avec son humain ? Personnellement mes chiens collaborent avec moi lorsque je leur demande quelque chose. La balance des interactions étant positive, ils me suivent lorsque je rentre de balade trop tôt à leur goût , tout au plus vont-ils ralentir le pas sur le chemin du retour pour exprimer leur mécontentement! Pourtant ce sont des chien-loups adoptés adultes en association.
Cette confiance en soi d’un chien s’acquiert à tout âge , et malgré un bon début de vie, il est nécessaire de la cultiver durant toute la vie du chien.

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L’arrivée du chien
Cette confiance se développe dès chiot, même si le tempérament de l’individu influence évidemment. Les conditions d’élevage et le travail effectué par l’éleveur permettent de partir sur de bonnes bases, surtout lorsque l’on a peu d’expérience dans le domaine canin.
Pour un chien arrivé récemment dans le foyer, il est judicieux de le laisser s’adapter tranquillement à votre mode de vie. Pour l’apprentissage, priorisons et laissons lui le temps d’apprendre à son rythme. Il est inutile de commencer par lui apprendre des tours, mieux vaut l’accompagner dans sa découverte de l’environnement et mettant progressivement en place les règles nécessaires à la vie dans notre société. Les apprentissages nécessaires selon moi sont : la propreté, la marche en laisse, le rappel, le fait d’être serein en présence de congénères et d’humains, le relax, le stop et le refus d’appâts.

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Les méthodes d’éducation
La méthode d’éducation influence la confiance en lui qu’aura le chien, si l’on le félicite lorsqu’il agit correctement elle va augmenter, à l’inverse s’il est contraint en permanence, elle va diminuer. Il est évident que je préconise l’éducation positive, elle nécessite du temps et une adaptation au chien, mais c’est pour moi la garantie d’un lien de confiance entre l’humain et le chien. Dans l’éducation positive, il existe différents courants, et pour un même comportement, tel que le rappel, il existe plusieurs méthodes d’apprentissages. Il est nécessaire pour appliquer une éducation respectueuse de pouvoir aménager l’environnement (on ne laisse pas traîner son nouveau sac en cuir à portée de crocs d’un chiot), d’établir un plan d’action et de prendre son temps pour l’apprentissage (compliqué d’avoir un chiot de 8 mois en liberté en centre-ville). Pour établir un plan d’action, il faut connaître son objectif, poser des jalons (étapes), choisir une méthode et analyser. L’analyse permettra de mettre en lumière les soucis rencontrés, que l’objectif ait été atteint ou non . Grâce à la connaissance de ces soucis, on adaptera les prochains apprentissages. L’éducation d’un chien nécessite une remise en question permanente.
Pour les chiens très craintifs, il ne faut pas hésiter à mettre en place des protocoles ritualisés pour chaque moment de la journée. Ainsi le chien saura exactement ce qui va se passer, et ça lui permettra d’être plus serein, et moins stressé sur le long terme.

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Les expériences positives
Dès l’arrivée du chien il faut que les expériences qu’il vive lui soient bénéfiques, en aménageant l’environnement pour éviter de le contenir, et lui permettre une exploration sécurisée. En explorant de manière autonome, le chien va pouvoir s’approprier l’environnement. S’il est stoppé régulièrement car « touche pas à ça », « attention à ta queue », « ne mange pas ça » il va avoir plus de mal à s’adapter au changement et à considérer son nouveau foyer comme un lieu sécuritaire où se ressourcer.
Il est bon de proposer régulièrement au chien de nouvelles expériences adaptées à son niveau. Ce qui signifie des expériences faciles et/ou atteignables . Il vaut mieux valoriser une expérience trop facile, et renforcer positivement son chien, plutôt que lui proposer une expérience trop difficile qui peut le décourager. Ces nouvelles expériences peuvent être très variées, ça peut être rencontrer un animal inconnu, passer un pont, résoudre un jeu d’intelligence, prendre conscience de son corps ou simplement pratiquer une discipline (mantrailing, détection, hoopers, agility, dog dancing, frisbee, canicross, rally, etc) avec son chien ! Il faudra toujours valoriser les efforts du chien, même s’il n’atteint pas l’objectif que vous souhaitiez. Dans ce cas, il sera judicieux d’analyser la raison de « l’échec » pour adapter le plan de progression. La réussite n’est pas la même pour tous, pour certains chiens marcher à côté d’un congénère sereinement demandera des mois voir des années de travail, mais ce temps de modification comportementale et émotionnelle aura permis de renforcer la compréhension et le lien du binôme!

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Le pouvoir du choix
Il faudrait permettre régulièrement au chien de faire des choix tels que le chemin à prendre en balade, la friandise à mâcher, de travailler, de se faire manipuler (voir article sur le consentement), etc. Plus le chien pourra exprimer ses propres désirs, plus son humain sera habitué à observer les situations où le chien manque de confiance, pour pouvoir les décomposer à l’aide d’étapes faciles, rassurantes et réussies !
On peut également adapter l’environnement et anticiper pour permettre au chien de faire le bon choix durant son éducation, et ainsi encore renforcer sa confiance en lui. Par exemple avec un chiot qui découvre son environnement en le mettant en bouche, on va enlever de sa portée tout ce qui peut présenter un intérêt masticatoire et laisser des jouets de goûts et de textures différents à portée, et féliciter lorsqu’il mordille un jouet !

Ce manque de confiance en lui, entraîne le chien a avoir une mauvaise gestion des émotions et donc à ne pas réagir de façon adaptée face à une situation. Attention également aux chiens très conditionnés, limite robotisés, à proposer certains comportements. C’est peut être « pratique » dans la vie quotidienne, mais comment le chien réagira-t-il face à une situation inconnue ?
